Organisation
des systèmes biologiques (O-FBS)* et (D-FBS)**
* O-SBF : Organisation du système biologique formel
** D-SBF : Dynamique du système biologique formel
Le problème
Il existe d'autres difficultés dans l'approche
système du vivant, plus fondamentales, liées
à l'existence de concepts d'une nature différente
de ceux que l'on rencontre dans les systèmes physiques.
Ces concepts ne peuvent émerger que d'une approche
"bottom-up" des systèmes vivants, c'est-à-dire
d'une étude systématique des fonctions physiologiques
isolées, suivie de leur intégration. C'est
ce que nous avons réalisé dans un long travail
de modélisation physiologique, du niveau moléculaire
à l'organisme en passant par les grands appareils
(Chauvet, Traité de Physiologie
Théorique, 1987, 1989). Cela nous a permis de
mettre en évidence de nouveaux concepts propres à
la biologie, comme ceux d' interaction
fonctionnelle non-symétrique
et
non-locale dans des espaces hiérarchiques.
Mais ce travail nous a surtout permis de découvrir
une représentation des êtres vivants
double dans son organisation, à la fois structurale
et fonctionnelle, double dans sa nature, à la fois
géométrique et topologique.
Un résumé
J'ai montré que la construction de l'organisation
fonctionnelle d'un système biologique repose sur
la hiérarchie en niveaux d'organisation fonctionnelle
et structurale. Un niveau d'organisation existe par l'ensemble
des unités structurales dont le comportement collectif
est une fonction physiologique, qui peut être, par
exemple la synthèse d'une macromolécule ou
le maintien d'une pression sanguine constante. L'organisation
fonctionnelle résulte à la fois de sa topologie
qui décrit l'existence des interactions fonctionnelles
source/puits, et de sa dynamique qui décrit la variation
temporelle des interactions dans le comportement collectif.
L'échelle de temps du processus, qui définit
ce que l'on peut appeler l'horloge biologique", est
donc une caractéristique du comportement collectif.
Il définit le niveau d'organisation fonctionnelle.
Le temps devient un élément essentiel de l'organisation
fonctionnelle hiérarchique du système biologique.
De son côté, l'échelle d'espace définit
l'organisation structurale. On obtient alors une représentation
tridimensionnelle d'un système biologique dans laquelle
on peut utiliser un nouveau formalisme, les S-Propagateurs.
La théorie du champ que j'ai construite repose donc
à la fois sur une représentation en termes
d'interactions fonctionnelles et un formalisme mathématique
en termes d'opérateurs.
Vue schématique de la théorie fondée
sur le Principe d'Auto-Association Stabilisatrice (PAAS)
Cette figure montre les deux aspects topologique
et géométrique de la théorie, découlant
des deux concepts-clés, la
non-symétrie et la non-localité de l'interaction
fonctionnelle. Dans le premier cas, au cours de développement,
il existe un potentiel d'organisation :
à l'origine de l'existence du système
hiérarchique observé satisfaisant à
un principe optimal. Dans le second cas, il existe un champ
non local :
décrivant la dynamique des processus
fonctionnels. Dans les deux cas, la stabilité de
la dynamique doit être assurée.
Pourquoi des
interactions fonctionnelles? Existent-elles " mathématiquement"?
Le PAAS
Un principe de base est nécessaire pour expliquer
l'existence de l'interaction fonctionnelle, et donc pour
intégrer les fonctions physiologiques, principe aussi
important pour la biologie que l'est le principe de conservation
de l'énergie pour la physique. Ce principe s'appelle
le PAAS (principe d'auto-association stabilisatrice). Il
décrit pourquoi deux structures ont tendance à
s'associer, réalisant, de ce fait, une fonction nouvelle.
L'intégration est ici prise dans son sens mathématique:
un accroissement de stabilité est obtenu par association
fonctionnelle des structures source
et puits.
Il s'agit beaucoup plus que de mettre en correspondance
des mécanismes. Dire que les couplages entre mécanismes
accroissent la stabilité de la fonction globale constitue
une explication à l'existence d'un système
vivant malgré son accroissement de complexité.
Cette recherche conduit à l'explication darwinienne
de l'Evolution.
Conséquence
importante de ce cadre théorique : une définition
de l'auto-organisation
Elle en découle naturellement. Un système
biologique formel est auto-organisé s'il peut passer
d'un état stable du système (D-SBF) à
un autre état stable lorsqu'il est soumis à
des modifications du système (O-SBF). Selon cette
définition, l'organisme biologique est auto-organisé
si une modification de la topologie du système, c'est-à-dire
une modification qui concerne l'ensemble des interactions
fonctionnelles, par exemple une suppression de sources ou
de puits, le fait passer d'un état où la dynamique
de ses processus est stable vers un autre état où
cette dynamique est encore stable.