

Instantanés techniques - No
46. juin/juillet/août 2007
Physiologie intégrative et
théories mathématiques des systèmes
biologiquest
Par Michel Faupel
Extrait
Les
hommages rendus en ce printemps 2007 au mathématicien
Bâlois Leonhardt Euler à l'occasion du tricentenaire
de sa naissance nous permettent de mesurer l'apport scientifique
de celui-ci. Euler s'est intéressé à
tous les aspects des mathématiques pures et appliqués
de son époque.
Il a écrit et publié le
contenu de plus 70 volumes, dont beaucoup sont encore d'actualité.
Il est considéré comme le père des
mathématiques modernes de la modélisation
mathématiques des systèmes.
Aujourd'hui
les calculs initiés par Euleur sont assurés
par des ordinateurs très puissants et servent à
reproduire le fonctionnement d'un système à
partir des équations qui le décrivent mais
aussi à imiter un comportement grâce à
des algorithmes inspirés de ses propriétés.
Plus près de nous, une autre figure incontournable
de cette discipline est sans conteste Gilbert Chauvet.
Au
cours de son travail sur les modèles physiologiques,
du niveau moléculaire de l'organisme (voir Chauvet
" Therotical systems in Biology", page 143, Vol
1, Pergamon Press, 1996), il introduit les nouvelles idées
spécifiques à l'étude de la biologie,
en particulier le concept d'interaction fonctionnelle non
symétrique et non locale dans un espace hiérarchique.
Ces concepts fondamentaux ont émergé d'une
étude systématique des fonctions physiologiques
isolées, suivie par l'intégration de ces fonctions
au niveau de l'organisme.
Comme le décrit Chauvet "Une conséquence
significative de cette théorie est que les organismes
vivants ne sont pas seulement vus comme une double représentation
organisationnelle, simultanément structurale et fonctionnelle,
mais aussi vus sous la forme d'une double représentation
mathématique, à la fois géométrique
et topologique" (voir aussi G. Chauvet "La vie
dans la matière", collection Champs, Flammarion).
La fonction physiologique, selon Chauvet
Selon
Chauvet, nous pouvons la comparer à une fonction
mathématique dans le sens où l'action d'une
structure sur une autre entraîne un certain produit
(au sens mathématique). La fonction physiologique
serait alors l'action (l'application en termes mathématiques)
et le produit serait le résultat de la fonction (la
valeur de la fonction en termes mathématiques) qui
est souvent identifiée par la fonction physiologique
elle-même.
Bien que cette définition soit générale,
elle est malheureusement inopérante. Il est relativement
facile de décrire les fonctions physiologiques particulières
comme la vision, la mémorisation, etc. mais il est
beaucoup plus difficile de donner une définition
opérationnelle d'une fonction physiologique en général.
Une possibilité - et c'est ce que fait Gilbert
Chauvet - est de définir une fonction physiologique
comme une combinaison d'interactions fonctionnelles entre
structure.
De
telles interactions fonctionnelles sont évidemment
spécifiques puisqu'elles décrivent l'action
(quelque que soit sa nature) d'une structure sur une autre.
En outre, elle montre une autre propriété
très importante : celle de non localité, définition
un peu plus difficile à comprendre puisqu'elle prend
son origine dans la hiérarchie structurale du système
(voir Chauvet "Hierarchical functional orgaization
of formal biological systems", 1993), c'est-à-dire
que certaines structures sont incluses dans d'autres.
D'un
point de vue purement mathématique, dans une représentation
continue, l'action d'une structure sur une autre est nécessairement
l'action d'un point sur un autre. Ceci ne correspond pas
à l'action d'une cellule sur une autre dans l'espace
physique puisque le cellule contient en effet des régions
avec des fonctions spécialisées et donc ne
peut pas être réduite à un point....

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